regarder ailleurs

Regarder ailleurs pour voir ici, est une invitation d’arc en rêve inlassablement renouvelée, pour partager les plaisirs d’architecture, et les questions avec lesquelles l’architecture se pense, se construit, se vit.

Dans un Monde où les repères s’épuisent avant de disparaître, où la peur de l’appauvrissement des ressources de la planète grandit, ne sommes-nous pas davantage préoccupés par la perte que par l’élaboration nécessaire de nouveaux modes de pensées pour voir et comprendre un déjà là ?

Comment penser tout à la fois le local et le global, le proche et le lointain, l’urgence et le temporaire, les migrations et les frontières, le confort et le beau, le rêve et l’utile ?

Regarder ailleurs c’est s’éloigner du tumulte des images qui nous aveuglent  et nous font ignorer les possibles alternatives au modèle dominant de nos sociétés humaines dont nous savons désormais qu’il n’est pas infaillible, car un petit microbe peut faire imploser le monde.

Regarder ailleurs, pendant ce temps suspendu, c’est faire bon usage de la lenteur, s’abstenir de rentabiliser les secondes qui passent, écouter le silence, pour entendre les savoirs à l’œuvre sur tous les continents.

L’attention aux Suds est particulièrement riche d’enseignement.
Au lieu de rester entre soi, en occident, et considérer la fatalité de la situation en Afrique, ne restons pas étrangers au Monde que nous produisons.
Allons à Lagos dans les quartiers de Chicoco et Makoko, deux bidonvilles construits sur l’eau, à Luanda dans les Musseque, à Johannesburg dans le Township de Soweto, ou encore dans les camps où habitent les Sahraouis, là où s’inventent quotidiennement les moyens pour vivre, là les jeunes générations, prometteuses, d’architectes et de chercheurs, s’engagent avec les populations pour développer des projets solidaires.

Si l’architecture traditionnelle africaine est forcément durable – au sens occidental du terme le plus souvent réduit aux matériaux recyclables et à l’économie d’énergie – regardons la valeur ajoutée du travail de l’architecte burkinabé Francis Kéré, qui prend racine et se déploie dans son village natal à Gando. Une œuvre qui donne son plein sens au développement soutenable, c’est à dire le développement pour TOUT l’Homme et tous les hommes.

 

Francine Fort directrice générale d’arc en rêve

[opinions]

Le droit universel à la respiration
Achille Mbembe

« Si le Covid-19 est l’expression spectaculaire de l’impasse planétaire dans laquelle l’humanité se trouve, alors il s’agit, ni plus ni moins, de recomposer une Terre habitable parce qu’elle offrira à tous la possibilité d’une vie respirable. Serons-nous capables de redécouvrir notre appartenance à la même espèce et notre insécable lien avec l’ensemble du vivant ? Telle est peut-être la question, la toute dernière, avant que ne se ferme, une bonne fois pour toute, la porte.

Certains évoquent d’ores et déjà « l’après-Covid-19 ». Pourquoi pas ? Pour la plupart d’entre nous cependant, surtout dans ces régions du monde où les systèmes de santé ont été dévastés par plusieurs années d’abandon organisé, le pire est encore à venir. En l’absence de lits dans les hôpitaux, de machines respiratoires, de tests massifs, de masques, de désinfectants à base d’alcool et autres dispositifs de mise en quarantaine de ceux qui sont d’ores et déjà atteints, nombreux sont malheureusement ceux et celles qui ne passeront pas par le trou de l’aiguille… » [extrait]

> à lire l’article paru le 06 04 2020 dans aoc.media

Achille Mbembe est philosophe, historien, professeur d’histoire et de science politique
à l’université de Witwatersrand à Johannesbourg, Afrique du Sud.

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«Cette crise devrait ouvrir nos esprits
depuis longtemps confinés sur l’immédiat »

Edgar Morin

> à lire dans  Le Monde du  20 04 2020  /  Idées  pages 28-29

Edgar Morin est sociologue et philosophe.

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à [re]découvrir

arc en rêve  la revue #Afrique(s)

Un espace de publication, et de republication, destiné à donner accès à des archives d’arc en rêve pour la plupart inédites. Le projet procède à des prélèvements dans les différentes strates de l’histoire d’arc en rêve centre d’architecture, dans le but de les activer pour travailler les questions d’aujourd’hui.
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