L’année de crise 1973 est restée dans les mémoires pour les incohérences et les contradictions qui l’ont traversée. On peut, comme Kissinger, recevoir un prix Nobel après avoir ordonné le plus grand bombardement aérien jamais enregistré d’un seul pays, le Cambodge. On peut, comme la plupart des pays européens à la suite de la guerre de Kippour, soutenir moralement les Palestiniens tout en restant fidèles aux Israéliens.

L’année qui a vu naître le CAPC est une année charnière, avec le début d’une crise durable qui va affecter les économies occidentales, et les premières tentatives sincères de sortir de la dépendance énergétique aux hydrocarbures.

La hausse des prix du pétrole a entraîné dans les pays occidentaux une austérité que ces derniers semblaient avoir oubliée depuis 1945. Ailleurs, les pays non-alignés poursuivent leur travail d’émancipation des nations colonisées, tandis que les pays du Pacte de Varsovie entrent dans une longue période de stagnation politique et sociale. Après la visite de Richard Nixon en 1972, la Chine de Mao Zedong s’engage sur la voie de l’ouverture et de la croissance.

Le cinéma est un bon indicateur des dynamiques contradictoires qui traversent nos sociétés. arc en rêve a choisi de rendre hommage au Capc en exposant 8 extraits de films qui illustrent en partie cette année tumultueuse, faite de désenchantement et de radicalité, d’éco-anxiété et de recherche de loisirs.

À travers un spectre nécessairement architectural, nous vous invitons à un travelling new-yorkais en marche arrière dans Serpico de Sidney Lumet, une course poursuite à l’issu prévisible entre une voiture et un piéton dans The Long Goodbye de Robert Altman, une promenade en bateau-cygne dans Ludwig de Luchino Visconti, une poursuite piétonne paranoïaque à travers Venise dans Don’t Look Now de Nicolas Roeg, une protestation réprimée et une fin de vie bien méritée dans Soleil vert de Richard Fleischer, un moment d’empathie qui se termine en révolte dans La planète sauvage de René Lalou, l’arrivée au parc d’attractions dans Mondwest de Michael Crichton, et une séance de spiritisme chez la voyante dans Le parc d’attraction de George Romero.

Ensemble, ces extraits forment un instantané étrange d’une année encore plus étrange.

Bon anniversaire au Capc !

Capc