Fabrizio Gallanti
nouveau directeur d’arc en rêve depuis le 2 avril 2021

Dans les années 1960, Umberto Eco écrivait que l’architecture est l’une des dernières activités humanistes, car elle porte en elle les traces de nombreux acteurs, processus et décisions. En effet, il me semble que le projet architectural peut être considéré comme un point de convergence entre de nombreuses formes de connaissance, devant trouver le juste équilibre pour ainsi permettre sa réalisation. Une fois construite, l’architecture sert d’ailleurs de toile de fond à d’innombrables usages et actions, qui échappent totalement au contrôle de ses concepteurs. Le hip-hop, né dans le Bronx de New York à la fin des années 1970, ne peut être dissocié, par exemple, des grands ensembles modernistes dans lesquelles il a vu le jour. C’est pour cette raison que je suis intrigué par tout et par tous, poursuivant un modèle d’« intellectuel généraliste », très peu spécialisé. Le programme d’arc en rêve suivra donc, comme il le fait d’ailleurs depuis quarante ans de manière implicite, le slogan de Hans Hollein « alles ist Architektur » : tout est architecture.

Je dirais qu’une institution culturelle contemporaine doit s’imaginer de manière bipolaire. À la fois ancré dans un lieu physique, une galerie et un emplacement, où une relation directe avec les œuvres et les matériaux exposés puisse s’établir, et en même temps plateforme, capable de transmettre, presque comme une radio, des contenus à des publics éloignés qui n’auront peut-être jamais l’occasion de venir à Bordeaux. Les deux aspects se complètent, mais il est important que le site internet et les réseaux sociaux d’un centre culturel comme arc en rêve soient plus qu’une simple vitrine de ses activités, qu’ils soient plutôt un vrai espace autonome, actif au quotidien.

 

Umberto Eco wrote in the 1960s that architecture is one of the last Humanist activities because it bears the marks of different people, processes and decisions. It seems to me that the architectural project can be seen as a point of convergence between numerous forms of knowledge, and that it must find the right balance in order to be carried out. Once built, architecture serves as a backdrop for countless modes of use and actions that totally escape the control of its designers. For example hip-hop, born in the Bronx in the late 1970s, is inseparable from the modernist housing projects in which it emerged. This is why I am intrigued by everything and everyone, pursuing the model of an unspecialised polymath. The arc en rêve programme will thus follow—as it has been doing implicitly for forty years—Hans Hollein’s slogan “alles ist Architektur”: everything is architecture.

I would say that a contemporary cultural institution has to think of itself in two different ways at once. It is a physical place, a gallery and a location where a direct relationship with the works and materials on display can develop; and it is a platform capable of broadcasting content, almost like a radio station does, to distant audiences who may never have the opportunity to visit Bordeaux. These two aspects complement one another, but the Website and social media of a cultural centre such as arc en rêve must be more than mere showcases; instead they must constitute an independent space that is active every day.