territoires en projet [conférence annulée]
Michel Desvigne paysagiste, Françoise Fromonot critique d’architecture
Dans un texte destiné à la consultation pour le Grand Paris 2009 à laquelle il participait au sein de l’équipe de Jean Nouvel, Michel Desvigne envisageait les « trois grands modèles théoriques, formels et stratégiques » qui constituent « l’apport des paysagistes à l’aménagement urbain ». Le plus ambitieux et le plus séduisant, estimait-il, prend appui sur la géographie naturelle d’un territoire pour le doter d’une charpente paysagère qui gouvernera son urbanisation dans le temps. Cette invention de la fin du XIXe siècle a trouvé une apothéose dans les systèmes de parcs conçus aux États-Unis par l’agence Olmsted, comme le « collier d’émeraudes » de Boston et les enchaînements d’espaces publics qui continuent de structurer Buffalo ou Seattle. Un second type d’action s’attache, presque à l’inverse, à désigner des périmètres spécifiques où sera recomposée, pour le loisir ou la contemplation, la nature supplantée par la croissance urbaine. Cette intention a guidé la création des parcs qui, des Buttes-Chaumont à Central Park, représentent encore la quintessence du grand jardin public moderne serti dans la ville dense. Le troisième type, « aux antipodes des précédents », est plus discret, au sens d’une ostentation moindre et d’une discontinuité de son empreinte qui ne l’empêchent pas pour autant de former un ensemble : c’est la constellation de petits espaces plantés que contient toute métropole, ces lieux parfois minuscules qui lui donnent sa porosité et son confort d’usage au quotidien. L’exemple tokyoïte ou new-yorkais des « pocket gardens », cette « poussière de petits jardins qui, parce qu’ils ont tous un statut, sont entretenus et rappellent ainsi constamment la nature en ville », illustre bien cette prodigalité.
Françoise Fromonot, critique d’architecture
extrait de Le paysagiste est-il un urbanisme?, Territoires en projets, 2020
Michel Desvigne
Michel Desvigne obtient un diplôme de botanique et de géologie à l’université des Sciences de Lyon-II en 1979, avant de poursuivre ses études à l’École nationale supérieure du paysage de Versailles, où il obtient son diplôme de paysagiste en 1984.
En 2000, Desvigne et Dalnoky reçoivent la médaille de l’Académie d’architecture.
Nommé au Grand Prix de l’urbanisme en 2003, Michel Desvigne est de plus en plus sollicité par des architectes pour collaborer sur leurs projets. Il réalise ainsi l’immense parc de Greenwich à Londres avec Richard Rogers, les jardins d’un musée de Minneapolis avec Herzog et De Meuron, la place centrale d’Almere aux Pays-Bas avec Rem Koolhaas, et travaille avec Norman Foster pour le viaduc de Millau. Au Japon en 2004 Michel Desvigne conçoit un jardin sur le toit d’un nouveau bâtiment de la Keio University de Tokyo.
En France Michel Desvigne participe au projet de Lyon Confluence, en 2004 il propose une charte d’aménagement paysager des berges de la Garonne à Bordeaux rive droite, et dessine le jardin du ministère de la Culture, à Paris avec l’architecte Francis Soler et le botaniste Patrick Blanc.
Dans son travail Michel Desvigne revendique souvent une certaine naturalité dans ses interventions, un goût de la géographie plus que de l’histoire, une certaine idée de la fluidité et en même temps de la lisibilité des paysages.
dans le cadre de l’exposition arboretum
auditorium, entrée libre
événement annulé