En-Medio Los Manantiales

En-Medio, est une publication gratuite produite par l’agence mexicaine Departamento del Distrito, illustrée par Arina Shabanova, et présentée dans l’exposition commun.

À travers l’histoire encore en train de s’écrire de six ouvrages majeurs du milieu du vingtième siècle, le projet met en évidence le statut délicat du patrimoine architectural moderniste à Mexico. Les numéros sont consacrés respectivement à la Casa Ortega, à Súper Servicios Lomas, au Museo Experimental El Eco, à la Casa Cueva, au restaurant Los Manantiales et à la Torre Insignia.

À travers des entretiens avec celles et ceux qui ont vécu ou travaillé dans les bâtiments concernés, avec des historiens qui les ont étudiés, des militants qui se sont battus pour leur préservation ou des iconoclastes qui préféreraient les voir détruits, En-Medio plonge dans quelques récits architecturaux amorcés de longue date dans la capitale mexicaine, pour s’interroger sur leurs possibilités d’avenir.[1]

Ce cinquième numéro présente Los Manantiales, bar et restaurant familial imaginé par Félix Candela en 1957. Situé sur les canaux de Xochimilco – vestiges d’un ancien système agricole mis en place par les Aztèques – l’édifice a été conçu avec une structure en forme de fleur qui vient, à huit reprises, effleurer délicatement le sol. À l’époque de sa construction, en 1958, le Mexique aspirait à se positionner en tant que puissance économique et culturelle mondiale, et Los Manantiales fut alors salué comme une prouesse technique exceptionnelle. Dans le contexte local de la capitale mexicaine, le bâtiment a servi de lieu de divertissement pour les touristes ainsi que de cadre pour des campagnes électorales, des dîners d’État, des fêtes de famille et des retrouvailles de fin de semaine.Malgré leur importance historique, Los Manantiales et les canaux de Xochimilco ont souffert ces quarante dernières années d’une lente dégradation. Les premières inquiétudes ont été officiellement formulées en 1987, l’année de l’inscription de Xochimilco au patrimoine mondial de l’UNESCO, alertant notamment sur les dangers du pompage excessif des nappes phréatiques, le développement urbain anarchique et la pollution. En l’absence de réglementation, et en grande partie du fait de la négligence des autorités locales et fédérales, ces problèmes ont perduré, provoquant dans tout le secteur une crise sociale, économique et environnementale.

L’entretien qui suit s’est déroulé en décembre 2017 avec José Manuel González Sáinz, neveu de José González González, le premier propriétaire du Restaurante Los Manantiales. Nous l’avons rencontré pour évoquer avec lui les défis de conservation de la délicate structure en béton, la façon dont Xochimilco a changé au cours des dernières décennies, et les récents dommages subis par le bâtiment lors du tremblement de terre du 19 septembre 2017.

restaurante los manantiales

Entretien avec José Manuel González

José Manuel :
Ce projet est né du désir qu’avait mon oncle d’ouvrir un restaurant. À l’origine, la brasserie Cervecería Cuauhtémoc était propriétaire sur cet emplacement d’un bâtiment entièrement construit en bois. Un dimanche de 1957, une étincelle a mis le feu à la cuisine du restaurant, et la structure a intégralement brûlé.
Ma famille est d’origine espagnole et, à l’époque, mon père vivait encore en Espagne, sous la dictature franquiste. Mon oncle l’a convaincu d’émigrer au Mexique en lui suggérant qu’ils s’associent. Il lui a ainsi proposé qu’avec mon grand-père (le beau-père de mon père) ils investissent l’équivalent du capital que lui-même pouvait investir dans la création d’un nouveau restaurant. Ils ont ensuite demandé à Félix Candela de concevoir le bâtiment.

Departamento del Distrito :
Savez-vous à combien s’élevait cet investissement initial?

JM :
Autour d’un million de pesos, mon père ayant emprunté sa mise de départ à mon grand-père. Avec cet argent, mon oncle s’est mis en quête de l’architecte, du mobilier et de tout ce qui était nécessaire au fonctionnement du futur restaurant.
Le projet était de créer un salon de réception susceptible d’accueillir environ un millier de personnes, avec toutes les fonctionnalités associées. En 1957, lorsque le projet a été confié à Candela, mon oncle et les dirigeants de la marque de bière ont décidé de lui laisser une totale liberté créative. Quatre ou cinq mois plus tard seulement, le nouveau bâtiment était achevé – et il était extraordinaire. Le restaurant a ainsi pu ouvrir ses portes dès 1958. Après l’ouverture, l’affaire a si bien marché que mon père a pu rembourser, bien avant l’échéance, le prêt que lui avait accordé mon grand-père. À cette époque, le restaurant employait quotidiennement deux chefs de rang, cinq serveurs et six cuisiniers, ainsi qu’un orchestre de quatre ou cinq musiciens à temps complet.

DdD :
Quelle clientèle fréquentait l’établissement à ce moment-là, et quel type d’événements accueillait-il principalement?

JM :
C’était l’un des endroits les plus chics de la ville, et la clientèle était globalement d’un statut social élevé. Lorsqu’il était à la tête du Département du Distrito Federal, Fernando Casas Alemán était par exemple un client régulier du restaurant.[2] À cette époque, mon oncle pouvait même passer le voir sans rendez-vous. Candidats à l’élection présidentielle et autres personnalités politiques tenaient ici leurs réunions électorales. Des réceptions étaient également organisées par la Fábrica des Armas, le ministère du Travail (et tous les autres ministères, à vrai dire), ou encore par le bureau du procureur général. C’était vraiment un endroit très en vue. C’était ça, Xochimilco! Des artistes de l’envergure de Lola Beltrán se sont produits ici, et le cinéma y a tourné un nombre incalculable de films. Même la reine des Pays-Bas est venue pour un dîner d’État, à l’invitation du président López Mateos.[3] À ma connaissance, ils sont arrivés en canot, et ont gravi les quelques marches qui donnaient alors sur le canal.
D’autres types d’événements s’y déroulaient également : la célébration de la journée des enseignants, les posadas de Noël des clubs de foot, des soirées dansantes. À la fin des années 50 et pendant toutes les années 60, Xochimilco attirait énormément de monde, même en semaine. Le samedi et le dimanche – non seulement à Los Manantiales, mais dans tout le secteur – on organisait des banquets, des anniversaires et des fêtes de toutes sortes. Je me souviens qu’autour de Pâques, les gens faisaient la queue juste pour venir s’asseoir et prendre un verre au restaurant. Malheureusement, rien de tout ça ne subsiste aujourd’hui.
À partir de 1998, en raison de la crise économique qui sévissait au Mexique, la fréquentation du restaurant a très fortement baissé. Le fabricant de bière Cervecería Cuauhtémoc a décidé d’apurer une partie de ses passifs, et c’est à cette occasion que mon père a racheté le bien immobilier. J’ai pour ma part un diplôme d’ingénieur mais, en 1970, lorsqu’on a diagnostiqué à mon père une maladie cardiaque, j’ai quitté mon emploi pour reprendre le restaurant.

DdD :
Comme vous le disiez, Xochimilco a connu au fil du temps une série de changements très visibles. Quelles en ont été les conséquences au niveau du restaurant?

JM :
Tout d’abord, notre clientèle des débuts a cessé de venir. Certains de ces anciens clients sont trop âgés, d’autres sont décédés. En outre, l’accès à Xochimilco est devenu très compliqué. Autrefois, on y était en un quart d’heure en empruntant la voie rapide du Viaducto-Tlalpan; aujourd’hui, il faut plus d’une heure. La ville s’est beaucoup étendue et les habitudes de loisirs ont radicalement changé. À l’époque, les familles pouvaient passer une journée entière à Xochimilco; aujourd’hui, elles la passent plutôt au centre commercial. Avec la transformation de son environnement immédiat, nous avons été contraints de faire évoluer les usages du bâtiment. Il a cessé d’être un restaurant ouvert tous les jours pour devenir plutôt un lieu d’accueil événementiel, ouvert au public le week-end. Les gens qui continuent de venir à l’heure actuelle sont les habitués du danzón, qui font vivre la tradition des danses de salon. Certains d’entre eux sont ici toutes les semaines.

DdD :
Et qu’en est-il de la vie quotidienne à Xochimilco?

JM :
Malheureusement, Xochimilco a décliné à bien des égards. Le signe le plus évident de ce déclin est l’invasion des jardins flottants – les chinampas – par l’habitat informel. Ce problème s’accompagne bien entendu de pénuries en eau, comme en témoigne la baisse spectaculaire du niveau dans les canaux ces vingt dernières années. Le problème vient du fait que les logements informels occupent aussi les collines environnantes. L’eau de pluie ne s’infiltrant plus dans le sol, les nappes phréatiques – déjà largement surexploitées – n’ont plus la possibilité de se recharger. En outre, lorsque les pluies sont abondantes et que l’eau ruisselle en torrents, les parties basses sont inondées et des cratères se forment dans le sol.
Je peux vous dire que, si nous sommes dans cette situation aujourd’hui, c’est la faute des autorités. Le gouvernement – tant au niveau local qu’au niveau fédéral – nous a oublié. Tout ce que veulent les décideurs politiques, c’est récolter des votes. En fermant les yeux sur la question du logement informel à Xochimilco, ils conservent le soutien électoral de ces communautés, mais au détriment de l’environnement.

DdD :
Oui et, en définitive, le problème renvoie aussi à la corruption. La situation est délétère non seulement pour l’environnement, mais aussi pour la ville et ses habitants.

JM :
Exactement. S’agissant des ressources en eau, autrefois, lorsqu’on construisait un bâtiment dans cette zone, on considérait que la nappe phréatique se trouvait grosso modo à trois mètres sous la chaussée. Aujourd’hui, elle se situe beaucoup plus profond. Comment un endroit comme celui-ci, connu dans le monde entier sous le nom de «Venise mexicaine» – ce qui est en soi une appellation un peu risible – a-t-il pu se détériorer à ce point?

DdD :
Le paradoxe, c’est que si la ville avait fait le nécessaire pour protéger le site, il aurait certainement pu générer davantage de ressources pour tout le monde – population et pouvoirs publics réunis.

JM :
Beaucoup plus de ressources, bien sûr! L’exemple de réussite le plus flagrant, c’est celui de la rénovation du centre historique de Mexico par Carlos Slim.[4] Pourquoi s’en est-il chargé? Parce que les autorités s’en sont montrées incapables. En dehors de ces quelques exemples, tous les trois ans, les candidats aux fonctions municipales viennent nous dire «Cette fois-ci, nous allons vraiment sauver les canaux, le tourisme, ceci, cela», et jamais rien ne se passe. Leur action, loin de faciliter les choses, nous complique la vie. Savez-vous combien nous payons de taxe foncière? Vingt mille pesos, tous les deux mois. Et cela dans un contexte où, bien entendu, personne ne paie rien autour de nous. Quel bénéfice l’entreprise retire-t-elle du versement de cet impôt, que quelqu’un doit pourtant bien empocher? Absolument aucun!

DdD :
La vérité c’est que, quels que soient les efforts déployés pour préserver un bâtiment comme celui-ci, sans le soutien de la puissance publique, la tâche est presque impossible

JM :
Oui, et en fait de soutien, ils ont au contraire endommagé le bâtiment. Les dégâts les plus graves causés par les autorités se sont produits en 2003. La Direction générale des travaux publics de la ville a entrepris, sans l’ombre d’une autorisation, de remodeler l’embarcadère voisin de Nativitas. Ce faisant, ils ont démoli l’escalier qui reliait le restaurant à la jetée et au canal en contrebas. Ils ont ensuite commencé à construire un mur de soutènement, qu’ils n’ont jamais achevé. Sans cet escalier, le restaurant a perdu presque tout lien avec son environnement immédiat. L’Institut national d’anthropologie et d’histoire (INAH) a tenté d’intervenir pour contraindre les autorités à réparer les dégâts et à reconstruire l’escalier, mais cela ne s’est jamais fait.[5] Regardez cette photographie de l’époque [image en haut, à gauche]. Vous voyez comment le bâtiment se reflétait dans l’eau?

DdD :
À part cette intervention, le bâtiment a-t-il subi d’autres altérations par rapport à ce qui avait été imaginé et construit par Candela?

JM :
Oui, la mosaïque murale qui accompagnait autrefois les visiteurs depuis canal jusqu’au restaurant a été déplacée, et se trouve aujourd’hui près du parking. Elle sépare l’entrée côté rue de la terrasse arrière. Les zones de service ont également changé d’emplacement. Lorsque j’ai rénové le bâtiment, avec l’accord de l’INAH, j’ai décidé de laisser le parking face à la rue, et de concentrer les services – cantine, cuisine, zone de stockage et bureaux – dans un volume adjacent.

DdD :
Au fil des années, vous avez investi une énergie et des ressources considérables dans ce lieu ce qui, j’imagine, n’a pas toujours dû être facile, compte tenu de la dynamique que vous décriviez par rapport aux autorités et au quartier environnant. Qu’implique la préservation de Los Manantiales d’un point de vue économique et logistique?

JM :
Je peux vous donner un exemple : pour repeindre le restaurant – simplement le grand salon, qui fait 900 m² au sol – il faut couvrir une surface de 2 300 m², en l’occurrence la superficie totale de l’enveloppe de béton. Même chose pour l’étanchéité. Imaginez aussi ce que nécessite l’éclairage d’un espace doté de telles proportions.

Il y a bien d’autres choses que j’aimerais améliorer : réparer le portail d’accès, installer un revêtement pavé sur le trottoir, repeindre l’extérieur du bâtiment, etc. Je suis actuellement à la recherche d’institutions ou de particuliers susceptibles de faire des dons matériels pour mener à bien tout cela.

DdD :
Et, au-delà de la maintenance au quotidien, qu’en est-il de la préservation de l’architecture elle-même? Le travail de Candela est reconnu, entre autres, pour la délicatesse de ses canopées. Comment préserve-t-on cette délicate coquille de béton?

JM :
La principale difficulté, c’est l’étanchéité. À l’époque où l’édifice a été construit, on employait une base de goudron et de sable. Aujourd’hui, la technique est différente – la plupart des produits d’étanchéification sont de type peinture. De ce fait, nous n’imperméabilisons pas le bâtiment dans sa totalité. Nous détectons les fissures sur la face extérieure de l’enveloppe, et nous couvrons ces zones en priorité. Pour cela, nous colmatons d’abord les fissures en y injectant un imperméabilisant liquide, notamment dans les endroits où l’eau s’accumule naturellement. Il n’est pas question pour moi de m’immiscer dans le travail de Candela en déclarant «Bon, ici, mets-moi plus de ciment pour que l’eau s’évacue». C’est inenvisageable.

DdD :
Le bâtiment a-t-il subi des dommages importants lors du tremblement de terre de septembre 2017? [6]

JM :
Oui, la géométrie du toit principal a été compromise. Structurellement, quatre arcs paraboliques travaillent ensemble pour transmettre les forces de la toiture aux fondations. À la base, l’un de ces points d’appui s’est enfoncé sur un côté, de 46 centimètres. De ce fait, une portion de la coque s’est fissurée, et les arcs sont en train de se déformer. Le fait qu’une structure tenant par sa forme soit en train de perdre précisément cela – sa forme – met tout le bâtiment en péril. Le tremblement de terre a aussi brisé de nombreuses fenêtres, une lézarde s’est ouverte au milieu de la piste de danse et une partie du sol s’est soulevée. J’attends le passage des experts, parce que je ne veux rien remettre en état sans avoir eu leur avis.
Le véritable problème révélé, par le tremblement de terre, c’est que le bâtiment s’enfonçait en réalité depuis très longtemps – au moins depuis 14 ans, depuis qu’ils ont retiré le petit escalier qui lui servait en quelque sorte de «talon naturel». Sans ce soutien, et avec un étiage de l’eau dans le canal trois mètres plus bas que la normale, il n’est guère étonnant que le bâtiment s’enfonce.

DdD :
Face à de telles difficultés, avez-vous déjà envisagé de vendre? Y aurait-il, à vos yeux, un avenir idéal pour ce bâtiment, ou une utilisation particulière que vous souhaiteriez?

JM :
En toute honnêteté, l’usage m’importe assez peu; il faut vivre avec son temps. Ce qui m’irait bien, en revanche, c’est de pouvoir percevoir un loyer régulier et fiable. Une entreprise comme Coppel pourrait y installer une banque, ou Superama un grand magasin. La moitié du loyer irait à ma mère et à mes frères et sœurs, l’autre moitié me reviendrait. J’avais même pensé à installer une supérette Oxxo à l’extérieur, près du parking, mais lorsque j’en ai informé la municipalité, elle m’a annoncé qu’elle exigerait la moitié des bénéfices. C’est incroyable. Il semblerait qu’ils préfèrent avoir des vendeurs de rue ambulants, qui ne paient aucun impôt, plutôt que des magasins en bonne et due forme.

Alors si je dois vendre, je vendrai. Quel pourrait être l’acheteur? Quelqu’un qui comprenne la valeur historique du site. Quelqu’un qui soit disposé à prendre soin du bâtiment, quitte à renoncer aux bénéfices –  avec pour seule motivation de posséder un chef-d’œuvre de l’architecture. Sinon, à quoi bon discuter? Il va continuer de s’assécher, ce maudit canal!

1. En-Medio bénéficie du soutien du Fondo Nacional para la Cultura y las Artes.
2. Le Departamento del Distrito Federal était un organe, aujourd’hui disparu, de l’administration fédérale. De 1928 à 1997, il était chargé d’administrer le Distrito Federal (devenu «Ville de Mexico»).
3. Adolfo López Mateos a été président du Mexique de 1958 à 1964. Il est reconnu pour sa contribution à la création d’organismes à vocation sociale ou de service public, tels que l’Instituto de Seguridad y Servicios Sociales de los Trabajadores del Estado (ISSSTE) ou la Compañía de Luz y Fuerza, ainsi que pour la mise en place de programmes de logements sociaux qui conduiront à des projets d’urbanisme de grande ampleur, parmi lesquels le Conjunto Urbano Nonoalco Tlatelolc.
4. Carlos Slim Helú est ingénieur civil et président honoraire du Grupo Carso. Il est actuellement considéré comme le septième homme le plus riche du monde, avec une fortune estimée à 67 milliards de dollars (2017).
5. En 1939, le gouvernement mexicain a créé l’Instituto Nacional de Antropología e Historia (INAH) dans le but de garantir l’exploration, la protection et la diffusion du patrimoine immobilier construit au Mexique entre le XVIe et le XIXe siècle.
6. Le 19 septembre 2017, à 13h14, un séisme de magnitude 7,1 sur l’échelle de Richter a frappé l’État de Puebla, causant des dommages considérables dans tout le centre du pays. Rien qu’à Mexico, 65 bâtiments ont été endommagés, 228 personnes ont perdu la vie et des milliers d’autres ont été blessées.