Habiter son enveloppe numérique

5 grandes conférences avec Bruno Latour, anthropologue / François Jullien, philosophe et sinologue / Dominique Boullier, sociologue / Francis Jaureguiberry, sociologue

vendredi 23 septembre 2016, 9:00 > 16:30

site constellation.s

Une exposition de 2000 m², plus de 100 contributeurs, des rencontres thématiques…

Retrouvez toutes les réflexions autour du projet sur le site internet dédié.

Dominique Boullier, sociologue. Conférences Dominique Boullier, sociologue. Conférences "Habiter son enveloppe numérique", constellation.s / © Florent Larronde
François Jullien, philosophe et sinologue / Habiter son enveloppe numérique François Jullien, philosophe et sinologue / Habiter son enveloppe numérique / © Florent Larronde
Bruno Latour, anthropologue / Habiter son enveloppe numérique Bruno Latour, anthropologue / Habiter son enveloppe numérique / © Florent Larronde
Francis Jaureguiberry, sociologue / Habiter son enveloppe numérique Francis Jaureguiberry, sociologue / Habiter son enveloppe numérique / © Florent Larronde
Habiter son enveloppe numérique Habiter son enveloppe numérique / © Florent Larronde

«?Le modèle d’un «personal data ecosystem» qui serait centré sur la personne met surtout en évidence une approche sociologique très «égocentrique» alors même que les réseaux provoquent des circulations de traces, d’attributs de profils, qui sont très partielles, très éphémères et très partagées. Pour répondre à ce défi, nous avons proposé le concept d’habitèle qui permet de traiter la nouvelle enveloppe que les humains se créent (après l’habit, l’habitat et l’habitacle), faite de données mais non centrées sur leur ego mais sur les engagements situationnels et les affaires (ou issues) qu’ils doivent résoudre.?»

extrait de Dominique Boullier, Sociologie du numérique, Paris, Armand Colin (collection U), 2016, p. 279.

 

«?C’est seulement si nous nous plaçons à l’intérieur de ce monde que nous pouvons alors reconnaître comme un arrangement particulier le choix des existants et de leurs manières de se connecter que nous appelons Nature/Culture qui a servi longtemps à formater notre compréhension collective (du moins dans la tradition occidentale). L’écologie n’est pas l’irruption de la nature dans l’espace public mais la fin de la «?nature?» comme concept permettant de résumer nos rapports au monde et de les pacifier. Ce qui nous rend à juste titre malades, c’est de sentir venir la fin de cet Ancien Régime. Aux Occidentaux et à ceux qui les ont imités, la «?nature?» a rendu le monde inhabitable.?»

extrait de Bruno Latour, Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique, Paris, La Découverte, 2015, p. 50.

 

«?On ne peut néanmoins se cacher que le geste intime, même si c’est la douceur d’une connivence qu’il prétend établir, opère d’abord comme une intrusion vis-à-vis de l’autre, autant dire une pénétration. Mais intrusion dans quoi?? Je dirai : dans ce champ d’appartenance ou ce que j’appellerai de «?privauté?» (l’anglais privacy), tel qu’il se constitue pour chacun à partir de son corps propre, dont la barrière n’est pas marquée mais se connaît d’emblée et que chacun transporte avec soi, dans lequel chacun s’enveloppe et se tapit. […] Par différence avec l’Amour, l’intime n’est pas déclaratif mais résultatif : l’intime n’est pas incantatoire, mais constate le basculement qui s’opère du dehors en dedans et mesure jusqu’où l’on est parvenu dans ce cheminement.?»

extrait de François Jullien, De l’intime. Loin du bruyant Amour, Paris, Grasset, 2013. pp. 50-246.

 

«?Le voyage moderne comme entreprise de soi, comme périple ayant pour cible l’identité individuelle, comme moyen de satisfaire un goût intime de l’ailleurs et de l’aventure, est bel et bien en voie de disparition. L’expérience du voyage ne sera plus jamais la même. Car désormais ne subsiste plus que la nostalgie du voyage moderne confronté aux normes d’un monde connecté multipliant les tentations, les tensions et les paradoxes qui s’imposent dans la vie banale de ces voyageurs en quête de rupture, de découverte et d’aventure. […] Le voyageur hypermoderne décide plus souvent en raison des nombreuses possibilités qui s’offrent à lui, malgré lui. Il entre dans une phase plus radicale de réflexivité car ces mêmes choix lui imposent des questions qui sont vécues avec plus d’intensité.?»

extrait de Francis Jaureguiberry et Jocelyn Lachance, Le voyageur hypermoderne. Partir dans un monde connecté, Toulouse, Erès, 2016.

 

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